Paris est un site où les transports ont joué un rôle majeur, et ce depuis le néolithique comme en témoignent les pirogues de Bercy. Ce fut ensuite un croisement entre le fleuve et les voies terrestres. La ville devient le principal centre de production de voitures sous Louis-Philippe. Puis, sous le Second Empire, au début des années 1860, Pierre Michaux et son fils Ernest, artisans serruriers pour voitures avenue Montaigne, lancèrent le vélocipède, une draisienne munie de pédales sur la roue avant. En mai 1868, dans ce même quartier des Champs-Élysées, rue Jean Goujon, trois frères centraliens d’origine lyonnaise, Marius, Aimé et René Olivier, s’associèrent avec Pierre Michaux pour fonder avec lui la société Michaux et Cie. Elle deviendra en 1869 La Compagnie Parisienne des Vélocipèdes, la première industrie au monde de « cycles ». La famille impériale et son entourage jouèrent un rôle certain : passionné par ce nouveau véhicule, le Prince impérial fût surnommé Vélocipède IV par les caricaturistes.
Au cours de ces années 1860, Paris fut au coeur du développement du vélocipède par ses activités mais aussi la presse, les gymnases, les cercles, les véloce-club de Paris et Jockey club, et l’organisation de courses. Puis, avec le succès de la bicyclette après la première édition du Paris-Brest et retour en 1891 qui promut la chambre à air démontable, Paris succomba au charme de la la bicyclette.
Selon plusieurs sources, le vélocipède pourrait avoir été inventé par la famille Michaux mais elles ne constituent pas une source irréfragable. D’abord, il y a le témoignage de Gaston BIOT publié dans Le Journal des vélocipédistes en 1893 : «En 1855, Ernest … ajusta un arbre coudé à la roue de devant … Après plusieurs essais le long de l’avenue Montaigne, il finit par marcher ainsi sans toucher les pieds à terre et m’invita le dimanche suivant à en faire autant ». Gaston Biot était un ami d’Ernest Michaux, probablement en raison de la proximité de son travail, il était caissier chez Belvallette au 24 de l’avenue des Champs-Élysées. Mais la date de 1855 n’est pas possible car Pierre Michaux n’a pas habité ans ce quartier avant 1858. La date de 1861 est évoquée par deux documents : d’abord dans un article du périodique grenoblois Le Vélocipède du 1er mars 1869 : « Il y a huit ans environ que nous connaissons le vélocipède à pédales ». Ensuite, dans une lettre d’Henri Michaux publiée dans L’Éclair du 28 mars 1893 qui défend l’hypothèse de Pierre Michaux. Mais ces deux témoignages sont tardifs, voire intéressés.

L’Éclair n’était pas un journal insignifiant : créé en 1889,c’est un quotidien parisien populaire qui a un tirage de plusieurs centaines de milliers d’exemplaires. « Journal de Paris, quotidien, politique, littéraire, absolument indépendant », il affirme aussi sur sa une être « le plus Grand Journal du Matin à Cinq centimes ». Il fait partie de la grande presse et se classe en cinquième place après Le Petit Parisien, Le Petit Journal, Le Journal et Le Matin.

Mais le premier et seul document d’époque constituant une preuve certaine de l’invention du vélocipède est le brevet pour un vélocipède à pédales qui fut déposé en 1866 à Washington par l’artisan parisien Pierre Lallement originaire de Pont-à-Mousson.
Alors, l’inventeur du vélocipède est-il Pierre Lallement, Pierre Michaux ou sa famille, voire le cousin des frères Olivier Raymond Radisson en 1855 à Lyon ? Le débat reste ouvert.