Les premières courses

1867 : la première course au monde,  du Panorama National à Versailles

Photo du Théâtre du Rond-Pont, ancien Panorama, sur les Champs-Élysées
Ancienne entrée principale du bâtiment, face au Grand Palais

La première course de vélocipèdes fut organisée à Paris en 1867, le dimanche 8 décembre. Le rendez-vous fut fixé à 10 heures, devant le Panorama National, pour rejoindre Versailles. Les organisateurs profitèrent du succès naissant de ce nouveau véhicule à Paris pour lancer cette première mondiale.

Le Panorama National, construit par Daviout en  1860, était un édifice cylindrique où étaient donnés des spectacles à succès au XIX e siècle. Il est occupé aujourd’hui par le théâtre des Champs Elysées. Cet endroit était proche à la fois  des ateliers Michaux, situés cité Godot-de-Mauroy devenue rue du Boccador, mais aussi de la Deuxième Exposition universelle qui se tenait au Champ de Mars : avec ses 10 millions de visiteurs, cette dernière avait contribué au lancement du vélocipède en présentant plusieurs modèles.

La presse, en particulier Le Courrier de la Drôme,  garde le témoignage de cet événement spectaculaire. Plus d’une centaine de vélocipédistes convergèrent sur leur monture en ce jour de l’Immaculée Conception devant le Panorama pour rejoindre ensemble Versailles où ils empruntèrent l’avenue de Paris pour atteindre leur destination, finale la place d’Armes. Les premiers parcoururent les 17 kilomètres du parcours en moins d’une heure.

Course  au Pré Catelan

Puis les courses se multiplièrent en 1868.  Plusieurs sont signalées dans le sud de la France : Cannes le 18 mars, Hyères le 13 avril et à La Réole à l’Ascension (21 mai).  Le dimanche 24 mai 1868, est annoncée la deuxième course en région parisienne, au Pré Catelan.

Le Pré Catelan est une parcelle de quarante hectares située  au coeur du bois de Boulogne qui avait été concédée à Nestor Roqueplan en 1856 pour faire un jardin de plaisirs avant d’être rachetée par la Ville de Paris en 1861. Ce lieu  devint un endroit prestigieux et un des hauts lieux de la vélocipédie parisienne. Le Véloce-Club de Paris, fondé fin 1867 ou en début 1868, y avait un chalet : cette association était probablement la première au monde avant celle de Valence, fondée le 12 mars 1868.

Puis l’administration du Pré Catelan avait « fait élever pour les courses de la saison une tribune de départ au bord de la grande pelouse », en mai 1868. Une compétition prévue le 24 mai devait être présidée par Eugène Paz ; mais il semble qu’elle n’a pas eu lieu eu lieu. Mais il y en aura une dizaines en 1869.

La course sur piste au Pré Catelan
(Source : L’Univers Illustré du 6 juin 1868)

La direction du Pré Catelan décida aussi d’organiser une exposition internationale dans le cadre des Fêtes de la Vélocipédie fin octobre et début novembre 1869, avant le départ du Paris-Rouen (cf. infra). Et le Bois de Boulogne resta, au moins jusqu’à la Guerre de 1914, un lieu fréquenté par les amoureux de la petite reine, comme en témoigne un tableau du chroniqueur de la Belle Époque, Jean Béraud, Le Chalet du Cycle. Situé probablement à la Porte de Suresne, au Pré Catelan, ou peut-être vers le Pont de Suresne, ce Chalet du Cycle était vers 1900 le rendez-vous du Tout-Paris : les élégantes y venaient en culottes bouffantes et les hommes en canotier, vêtements permis par la pratique de la bicyclette. Le  16 août 1901, le départ du Paris-Brest-Paris y fut donné.

Affiche de 1896
Le Chalet du Cycle, par Jean Béraud, c. 1900 –  Musée Carnavalet, Paris.

31 mai 1868 : courses officielles au parc de Saint-Cloud

Puis le dimanche suivant, la Pentecôte 1868, la mairie de Saint-Cloud annonça dans le parc du château, en cette saison résidence impériale, la tenue de quatre courses sur une piste entre le bassin et la grille située près de l’actuelle place Georges Clemenceau. Des médailles à l’effigie de Napoléon III furent décernée aux vainqueurs. Le prince Eugène aurait assisté à l’arrivée. L’Anglais James Moore obtint la médaille de vermeil dans la deuxième course réservée aux vélocipèdes d’un mètre.

Les courses se multiplièrent au cours des mois qui suivirent dont environ vingt courses pour dames. La première course de vélocipédiennes se tint à Bordeaux à la Toussaint 1868 et obtint un vif succès.

Course de Bordeaux du 1er novembre 1868, Le Monde Illustré du 21 novembre 1868

 7 novembre 1869 : la première course de fond, le Paris – Rouen

Pour obvier à une certaine désaffection pour le vélocipède, la Compagnie Parisienne avec le soutien du Vélocipède Illustré organisa la première course de fonds  aussi sur route, de Paris à Rouen, le  dimanche 7 novembre 1869. Les concurrents partirent du Rond-Point de l’Étoile. La place, dont les barrières avaient été démolies en 1864 après l’agrandissement de Paris en 1860, venait d’être aménagée par Hittorf qui lui donna son aspect actuel.

Malgré le temps affreux, les 123 kilomètres furent parcourus par le vainqueur en 10 heures 40,  soit à une moyenne étonnante de 11,53 km/h. James Moore arriva le premier à Rouen à 18h10, un quart d’heure avant Castera et Bobillier. La première femme, Miss America, arriva 29e, à 6 heures 20, en compagnie de Turner. La victoire de Moore a été partiellement due au fait qu’il montait un vélocipède équipé par Suriray d’une roue libre : cet artisan se servit de cette victoire pour promouvoir son invention par une réclame.

Le père de James Moore était maréchal-ferrand au 2 cité Godot-de-Mauroy

 Courses de vélos

Les courses reprirent peu à peu après le désastre de Sedan.

A partir de 1886, les bicyclettes remplacèrent les bicycles et les tricycles.  En 1891, on lança le Paris-Bordeaux puis le Paris-Brest et retour, où les femmes furent interdites. Le vainqueur Terron parcourut la distance sur une bicyclette équipée des nouveaux pneu démontables Michelin. Cette victoire marqua le début du succès du futur premier producteur de pneus mondial  qui s’en servit pour promouvoir son nom par la publicité, comme Suriray 22 ans plu tôt !

Comme le conclut l’affiche publicitaire ci-dessus, ce fut une révolution : avec le pneu démontable, la bicyclette moderne était née. Ses ventes décuplèrent en une décennie pour atteindre un parc d’environ un million de cycles en 1900 puis près de 3 millions en 1914. Elle devint un phénomène de société.

Et, en 1903, fut lancé le premier Tour de France appelé aussi la grande boucle. Cette course a été superbement racontée en 1924 par Albert Londres dans Les Forçats de la Route, expression déjà attestée dans un texte de la Revue de la Chambre syndicale des Cycles et Automobiles de Saint-Étienne (N°105 de novembre 1906 , cité par Info-Vélocithèque N°70 de mars 2006)

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