La famille Olivier

La famille Olivier est à l’origine du développement industriel du vélocipède à Paris, au quartier des Champs-Élysées. Issus d’une famille d’industriels de la chimie, les trois frères sont d’origine lyonnaise : Marius est né en 1839, Aimé en 1840 et René en 1843. Le registre conservé à l’école atteste leur passage au collège Saint-Thomas d’Aquin d’Oullins avant de fréquenter le lycée La Martinière de Lyon.

Registre des anciens élèves de Saint-Thomas d’Aquin d’Oullins

Deux ans après Marius, Aimé rentre au lycée impérial Saint-Louis à Paris pour préparer le concours d’entrée à Centrale. Reçu bachelier-ès-science en 1860, il entra l’année suivante à l’École Impériale Centrale des Arts et Manufactures, comme son frère aîné. René  prépara le même concours à l’institution Duvignau située au 157 rue de Rennes et alors récemment fondée, en 1849 , par un polytechnicien, Jean-Victor Duvignau de Lanneau. René intégra Centrale moins facilement que ses frères. Peut-être, bénéficia-t-il du fait qu’un membre de la famille, Théodore Olivier (1793-1853), un cousin de son père Jules Olivier, figurait parmi les fondateurs de l’École.

Façade du lycée Saint-Louis du début des années 1860 alors qu’il  était fréquenté par Marius et Aimé Olivier. Depuis le ravalement, on peut lire sur la façade de l’immeuble : « Lycée Impérial Saint-Louis »

 Les frères Olivier aimaient le sport. Avec Georges de La Bouglise, étudiant à l’École des Mines, René et Aimé traversèrent en vélocipède la France de Paris à Avignon en août 1865 en passant par Tullins voir leur richissime oncle Michel Perret.

Encore étudiants à l’École Centrale, les frères Olivier commencèrent à fréquenter la maison Michaux. Après le voyage de Paris à Avignon, les jeunes Centraliens s’associèrent aux affaires de Pierre Michaux en formant en mai 1868 Michaux et Cie, entreprise spécialisée pour la fabrication et la vente des vélocipèdes, qu’ils contrôlaient .

Au printemps de 1869, la maison tournait à plein régime. Mais la mésentente entre Michaux et les frères Olivier devint inévitable. La société fut ainsi dissoute. À la société Michaux et Cie succéda la Compagnie Parisienne des Vélocipèdes dont le siège était au 27, rue Jean Goujon. Un manège fut installé au 12, avenue Bugeaud.

En bon saintsimonien, Aimé Olivier voulait aussi promouvoir le vélocipède comme auxiliaire du travail pour ceux qui ont des longs et pénibles trajets. Il équipa le bureau de poste de Marennes, dont il est le maire, de deux vélocipèdes en février 1869. Curieusement, la poste de Visan, bourgade située dans l’enclave du Vaucluse dans la Drôme, est aussi équipée et à la même époque d’un vélocipède, sans raison connue à ce jour. Serait-ce dû à l’influence de la famille Olivier, soit du père Jules qui habitait près d’Avignon à une cinquantaine de kilomètres de Visan, soit de son fils préféré Marius, alors gendre du maire de Sorgues, Joseph Floret (1796-1871) ?

Pour relancer son affaire à l’automne 1869 alors que le vélocipède commençait à s’essouffler, René, directeur de la Compagnie Parisienne, organisa la première course sur route au monde, de Paris à Rouen.

Partis de Paris au moment du siège prussien de 1871, les frères Olivier ne s’occupèrent plus guère de leur société qui sera dissoute en 1874. Ils s’installèrent à Marseille où leur vie paisible dans la cité phocéenne fut interrompue par un accident de voiture arrivé à René, causant son décès en 1875. En 1919, Aimé s’éteignit à l’âge de 79 ans et il repose au cimetière de Marseille à côté de René, une part de soi-même. Aimé, devenu de Sanderval, avait entre temps mené une vie aventureuse au Foutah Jalon (Afrique occidentale) que Monénembo Tierno a retracée dans Le roi de Kahel, Prix Renaudot 2008. Il a fondé Conakry où un quartier porte encore son nom, le Sandervalia.

Case d’Aimé Olivier de Sanderval, à Conakry

En matière du développement de vélocipède, les apports des frères Olivier sont considérables sur le plan mécanique et technique, la modification de la forme du cadre de serpentine au cadre droit pour le rendre plus léger et l’obtention de deux brevets pour le frein et le rayon en fer, mais aussi social, les facteurs dotés de vélocipèdes ou la course de Paris-Rouen.

Sources principales :

Keizo Kobayashi, L’histoire du vélocipède de Drais à Michaux, 1817-1870, (thèse passée l’École Pratique des Hautes Études), Paris, 1993, épuisé. En cours de réédition.

Article du même auteur dans La Gazette Thomiste.

Généalogie de la famille Olivier :

http://olivierperret.pagesperso-orange.fr/Aime%20Olivier.html

Sur l’aventure africaine d’Aimé Olivier :

Aimé Olivier de Sanderval  L’Almamy blanc du Foutah-Djalon, roi du Kahel, par Baudouin ROUMENS, Éd. La Thune, Marseille, 2011

M. Kobayashi a refait la randonnée historique des Olivier Paris-Le Pontet de 1865 :

http://www.revv-valence.org/index.php?option=com_content&view=article&id=93:un-evenement-a-retenir-le-1d-septembre-&catid=53:keizo&Itemid=74

Pour plus de renseignements :

« Des Centraliens à l’origine de l’industrie du cycle », par Francis ROBIN, Centraliens N° 591, janvier-février 2009, pp. 37-41 :

http://centrale-histoire.centraliens.net/stories/rev591-1.pdf

Le Vélocipède par Aimé de Sanderval alias Olivier, publié dans Nature en 1893 :

http://cnum.cnam.fr/CGI/fpage.cgi?4KY28.39/159/100/536/0/0

Sur l’école d’Oullins :

L’École Saint-Thomas d’Aquin – Veritas à Oullins  1833/36 – 1986, 1986, Oullins.

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