Bécane
Le mot bécane a d’abord signifié mauvaise locomotive (1841). Il viendrait de l’assimilation du bruit de la machine au cri de l’oiseau « bécant », c’est-à-dire qui frappe du bec. Ce terme est attesté avec le sens de bicyclette en 1890. C’est le terme d’origine populaire qui s’oppose aux formations savantes d’origine latine ou grecque. Il est cependant utilisé deux fois par Proust maisc’est dans la bouche d’Albertine, «une jeune fille pauvre, peu cultivée mais intelligente », d’origine populaire comme ce terme : l’emploi des mots n’est pa dû au hasard chez cet écrivain.
Le nom bécane a connu un renouveau après-guerre avec le succès du constructeur Motobécane et de la célèbre Mobylette (1949), mot-valise forgé à partir de mobile et bicyclette. Et bécane est devenu synonyme de deux-roues motorisés.
Influencé par le succès du constructeur de deux-roues motorisés Motobécane, le mot bécane a pris après-guerre par extension le sens de deux-roues motorisés qui comprend la célèbre mobylette (1949), nom de marque déposée forgé à partir de mobile et bicyclette. Il désigne aujourd’hui une machine, en particulier un ordinateur.
Clou
Un autre mot familier est surprenant, clou. Issu du latin clavus signifiant clou ou furoncle. Clou a d’abord désigné par métaphore en langage familier un objet usagé (1865) ou de peu de valeur comme l’illustre l’expression courante » cela ne vaut pas un clou ! ». Clou a été appliqué à une vielle automobile ou bicyclette avant de se spécialiser dans ce dernier sens : ne dit-on couramment en parlant d’un vélo en mauvais état : « quel vieux clou ! » Ce sens est déjà cité dans un article du Véloce Sport du 12 mars 1885 par L’Arieste.

La restriction de sens de clou à cycle pourrait venir d’un télescopage avec un autre emploi de clou : une pratique parisienne de la fin du XIX e siècle consistait pour des vélocipédistes à déposer en hiver leur bicyclette au « Clou ». Ce surnom attesté du mont-de-piété dès 1823 venait de ce que les objets déposés étaient accrochés à des clous plantés sur les parois. « Déposer son clou au Clou » permettait donc aux propriétaires de les protéger à bon marché et dans de bonnes conditions des intempéries en hiver. Les quatre établissements de « ma tante » acceptant ces encombrants voyaient en hiver doubler le nombre de ces machines en dépôt, nombre qui pouvait atteindre alors 4000 unités vers 1900. Bien que ce phénomène demeurât la pratique d’une minorité, l’explosion du nombre de bicyclettes, un million de vélos roulaient en France en 1900, a pu influencer l’évolution du mot.

Clou, en revanche, n’a probablement rien à voir avec Saint-Cloud, nom d’une commune proche de Paris. Pourtant, le parc du château où venait en mai de la cour impériale sous le Second Empire, fut le théâtre de la première course officielle de vélocipèdes (à pédales) le 31 mai 1868 ; mais cet événement eut lieu 40 ans avant l’attestation du mot « clou » avec le sens de bicyclette. Et Saint Cloud était invoqué contre les furoncles ou clous, abcès redoutés des cyclistes !
Les mots biclo (1907) devenu biclou (1951) et bicloune sont des abréviations de bicyclettes avec une probable influence de clou en raison de la consonance et du genre masculin.
BMX
Puis, plus récemment, est apparu le BMX, plus connu en France sous le nom de marque bicross (1978) ou de vélo-cross, dont l’origine est amusante. BMX est l’acronyme de l’oxymore bicycle motocross, la lettre X étant mise pour cross, croix en anglais. Cet engin a été conçu aux Etats-Unis vers 1970 par des pilotes de « motocross » qui ont remplacé le moteur par des pédales. Ils ont forgé ce terme en conservant le nom motocross tout en le qualifiant de bicycle. Si l’on remonte plus vers l’étymologie, dans motocross, on trouve moto provenant de motorcycle, moto, et cross qui vient lui-même de across country signifiant en anglais « à travers la campagne » qui désignait à l’origine une course d’obstacle à pieds. En résumé, le terme bicycle motocross dont la forme développée étymologiquement serait bicycle motorcycle across country c’est-à-dire une « bicyclette-moto à travers la campagne » désigne un véhicule acrobatique sans moteur, à pédales, et pratiqué essentiellement dans l’espace urbain.