Le terme bicycle a été employé de façon isolée pour un cabriolet en 1828, dans Le Journal des Artistes du 6 juillet.
Puis il a été appliqué à la vélocipédie. Il est attesté comme adjectif dans une lettre adressée à Pierre Michaux, la n° 359 déposées aux AD-14, du 30 avril 1868 : « Je vous prie de m’envoyer à l’adresse ci‑dessous un prospectus détaillé de vos vélocipèdes, tant bicycles que tricycles … » Bicycle a probablement été d’abord un adjectif qui aurait été substantivé : le nom bicycle viendrait alors par ellipse de l’expression vélocipède bicycle, comme d’autres noms tels un(e) automobile qui a été initialement un véhicule automobile ou une locomotive (1834) pour une machine locomotive.
Et on le trouve comme nom d’abord dans un article de L’Étendard du 19 avril 1868 trouvé par David Herlihy : « Les vélocipèdes à deux roues (bicycles) luttaient d’abord de vitesse entre eux, puis ceux à trois roues (tricycles) : ensuite, bicycles et tricycles partaient à un signal, du même point, pour atteindre au plus tôt le but désigné… »
Puis dans un article de L’Événement Illustré du 23 avril 1868 où le journaliste Valentin affirme que « M. Michaux a déjà fait ne fortune énorme dans le débit des bicycles et des tricycles … » Enfin Keizo Kobayashi l’a trouvé comme second pseudonyme de « un amateur », l’auteur de la Note sur le vélocipède Michaux (avril 1868), probablement Jules Marie de La Ruë : Bicycle signe une série d’articles reprenant la Note dans La Revue de Cannes des 9, 16, 25 et 30 mai 1868.
Contrairement à l’affirmation de certains dictionnaires français, le nom bicycle est de création française : il ne sera employé en anglais que dans un article paru dans le Daily News du 7 septembre 1868 : “Bisycles and trisycles [sic] which we saw in the Champs Élysées and Bois de Boulogne this summer”. Ce texte laisse d’ailleurs à penser, en raison de son contenu, que le nom bicycle est d’origine française car l’auteur rapporte un terme qu’il a entendu à Paris et qu’il ne connaissait probablement pas auparavant, comme le laisse à penser l’orthographe fautive employée. Cette attestation est de deux mois antérieure à son emploi dans un article du Monde illustré du 28 novembre 1868 : « Le prince impérial qui … a un goût prononcé pour le vélocipède … se montre très adroit dans le maniement de son bicycle.», l’auteur évitant ainsi la répétition de vélocipède. Une gravure représentant le fils de Napoléon III, surnommé Vélocipède IV par les caricaturistes, pédalant sur ce véhicule illustrait l’article.
L’origine parisienne du nom bicycle en anglais est corroborée par l’emploi des expressions anglaises Parisian Bicycle, bicycle parisien, (cf. image ci-dessous) pour le vélocipède à cadre cintré (modèle initial) et de French Bicycle, bicycle français, pour le vélocipède à cadre droit (modèle de seconde génération) par Velox dans son ouvrage publié au printemps 1869 à Londres.

De plus, bicycle serait formé sur tricycle, dont l’origine est bien française. Les dictionnaires anglais retiennent d’ailleurs dans l’ensemble l’origine française de bicycle.
Le choix du préfixe bi- fut probablement influencé par celui du nom Bitricycle, voiture-omnibus parisienne à six roues lancée en 1863. Et ce nom surprenant de Bitricycle a probablement été composé ainsi avec deux préfixes successifs car le préfixe hexa-, six en grec, avait déjà été utilisé antérieurement pour une autre voiture hippomobile à six roues appelée Hexacycle lancée dès 1840 (cf.illustrations sur la page consacrée au tricycle).
Bicycle est un terme hybride formé d’un préfixe d’origine latine bi-, deux fois, et d’un déterminé cycle dont l’origine grecque n’était probablement plus perçue car le mot était déjà intégré au français. Si le choix s’était porté sur deux racines latines, le bicycle s’appellerait-il birote et la piste cyclable une birotière (mot savoyard) ?
Quand le bicycle muni de la grande roue avant a été concurrencé par la bicyclette, dans les années 1880, il a été progressivement appelé grand bicycle. L’expression était apparue antérieurement : elle désignait pour les coureurs le vélocipède à roue motrice de plus d’un mètre, selon Le Vélocipède Illustré du 5 mai 1870, cité par Keizo Kobayashi (p. 176), abrégée ensuite en grand bi, le seul nom utilisé aujourd’hui. Ce syntagme est attesté dans l’ouvrage La Reine Bicyclette (1891) de Pierre Giffard.